Thriller. De Dominik Moll ( France, 2019). Avec Denis Ménochet, Laure Calamy, Damien Bonnard, Valérie Bruni-Tedeschi.
Secrets d’histoire. Une femme disparaît ; sa voiture est retrouvée sur une route qui monte vers un plateau où subsistent quelques fermes isolées. Alors que les gendarmes n'ont aucune piste, cinq personnes se savent liées à cette disparition. Chacune a son ̀ secret, mais personne ne se doute que cette histoire a commencé sur un autre continent où le soleil brûle. César de la meilleure adaptation en 2020.
Méandres. "Seules les bêtes" nous entraîne d'Afrique au fin fond de la campagne française dans les méandres d'une intrigue pour le moins complexe, qui explore la solitude des êtres à l'heure de la mondialisation. Ou comment, selon la célèbre théorie de "l'effet papillon", les actes des uns peuvent avoir des conséquences sur la vie des autres, sur deux continents différents.
Sens de l'étrange. Dominik Moll nous a habitués à ses rêveries, déviant invariablement vers le cauchemar, de "Harry, un ami qui vous veut du bien" au "Le Moine"... Avec "Seules les bêtes", le réalisateur renverse le principe actif de son cinéma, partant du roman éponyme de Colin Niel, épousant son réalisme pour y distiller très progressivement le sens de l'étrange... Et contre toute attente, cette orientation n'a rien d'un renoncement, tant elle permet à Dominik Moll de faire montre d'une maîtrise narrative et stylistique.
Coeur noir. Au fur et à mesure que se déploie son intrigue, "Seules les bêtes" dévoile un coeur noir, aux pulsations imprévisibles et profondes. Ce qui demarre comme une recension de faits divers assez banal braque soudaint vers une poésir glauque, alors qu'un homme perdu se prend d'amour et d'affection pour un cadavre, avant de virer vers le pur romanesque, jusqu'à ce que le spectateur réalise qu'il assistait depuis le début aux prémices d'une tragédie totale, jouant avec le registre du pathétique avec une intelligence rare
Gilles Marchand, réalisateur, dialoguiste, scénariste, adaptateur, ("Seules les bêtes").
César de la meilleure adaptation pour "La Nuit du 12 "(Dominik Moll, 2022). Trois nominations aux Césars.