Un film de Jules Dassin. Avec Jean Servais, Carl Möhner, Robert Hossein, Robert Manuel. 1h56. (France-Italie, 1955) - Policier
Une Intrigue bien ficelée. Cambrioleur de haut vol, ruiné, malade, Tony le Stéphanois projette son dernier coup : le cambriolage nocturne d’une joaillerie en plein Paris. Une bande rivale compte bien jouer les trouble-fêtes. Un grand polar dans la tradition du cinéma noir européen et américain.
Spécialisé dans les polars. Après avoir réalisé trois films admirables (Brute Force (1947); The Naked City (1948); Thieves’ Highway (1949), qui introduisent une forme de néo-réalisme dans le film "noir", Jules Dassin - dénoncé comme communiste devant la Commission des activités anti-américaines à l’époque de la Chasse aux sorcières - doit fuir les Etats-Unis. A Londres, il réalise un chef d’œuvre Night and the City; Les Forbans de la nuit (1950), puis à Paris, il dirige Du Rififi chez les hommes (1955), forme de synthèse du polar français et du film "noir" américain !
Une pléiade d’acteurs convaincants : Jean Servais endosse à la perfection le rôle de Tony le Stéphanois. Ses complices, Jo le Suédois et Mario Ferrati, sont interprétés par Carl Möhner et Robert Manuel. Robert Hossein, Janine Darcey, Marcel Lupovici, Magali Noël, … complètent la distribution. Jules Dassin lui-même campe le personnage de César le Milanais. Jules Dassin, qui craint encore les foudres des autorités américaines, est crédité sous le pseudonyme de Perlo Vita (père de Jo Dassin, il épousera quelques années plus tard Melina Mercouri).
Une rencontre. Jules Dassin et Auguste Le Breton étaient faits pour se retrouver sur un plateau. Entre le réalisateur américain de "Du Rififi chez les hommes" et l'auteur du roman éponyme et dialoguiste en chef, la "mayonnaise" a pris, aboutissant à un film de référence dans le genre "noir" au cinéma. Primé pour l'excellence de sa réalisation (Festival de Cannes 1955), "Rififi chez les hommes" supporte les rides du temps et captive toujours puissamment le spectateur. Structuration du scénario, fluidité dans la suggestion narrative de l'image, maîtrise équilibrée entre acteurs au physique de l'emploi sont autant de points acquis.
Un cambriolage d'anthologie. Un duo d'excellence derrière la caméra, mais aussi un trio inédit pour évoquer la film, à l'invitation du Ciné-club du Bassin. L'écrivain bordelais Hervé Le Corre, s'est converti premier supporter de "Rififi" pour faire partager son ressenti. La prestation majuscule et sensible de Jean Servais dans son rôle-titre du malfrat Tony le Stéphanois, la longue scène "culte" du cambriolage d'une joaillerie parisienne ont favorablement impressionné l'auteur de "Traverser la nuit" (1), sans doute plus sensible au "silence" de cet épisode magistralement tourné ...sans paroles qu'au verbiage argotique qui patine -a dessein - les dialogues.
Place imposée? Hervé Le Corre a également souligné le rôle important de la représentation féminine dans le déroulement de " Rififi", dont l'action est située dans un "milieu" régi par le code d'honneur mafieux, résolument machiste, et à la gâchette facile. Tout en relevant avec raison la stigmatisation de la condition de la femme à cette époque d'après-guerre. Femme au foyer, femme fatale, femme violentée; les clichés ont la vie dure. "Il existe des liens étroits entre la place imposée aux femmes dans le film noir et la manière dont elles sont construites sur le plan visuel" écrit également Allister Philips, un chercheur britannique, spécialiste du cinéma. Vous avez dit soumission?
(1) Prix du Quai du polar 2022.
Prix de la mise en scène 1955. Action menée tambour battant, dialogues savoureux. Rififi chez les hommes décrochera le Prix de la mise en scène (ex-aequo) lors de la 8e édition du Festival de Cannes. La séquence du cambriolage, qui dure près de trente minutes sans aucun dialogue, est particulièrement saisissante ! Entouré d’Alexandre Trauner aux décors et de Philippe Agostini à la lumière, Jules Dassin filme principalement en décors réels un Paris d’après-guerre, avec un soin réaliste et minutieux qui contraste avec des scènes plus stylisées en clair-obscur.
Intervenant, auteur de romans policiers
Son écriture, le choix de ses personnages, l'atmosphère assez sombre de ses livres placent l'écrivain girondin parmi les auteurs français les plus noirs et les plus primés du roman policier..