The Lunchbox

Vendredi 26 mai, salle Brémontier à Arès

Un film de Ritesh Batra. Avec Irfan Khan, Nimrat Kaur. 1 h 44. VOST (Inde-France, 2013). Comédie sentimentale 

Intervenante : Amandine d'Azevedo, maître de conférences à l'université Paul-Valéry -Montpellier 3 en études cinématographiques et audiovisuelles, spécialiste des cinémas indiens.


L'histoire. Une erreur dans le gigantesque service – pourtant très efficace - de livraison de lunch-boxes (boîtes à déjeuner) à Bombay met en relation une jeune femme au foyer, délaissée par son mari, et un homme proche de la retraite. Par le biais de ces boîtes, ils entament une correspondance et se mettent à rêver à une autre vie. 

De la maison au travail. Le réalisateur Ritesh Batra a eu l'idée de "The Lunchbox" grâce au phénomène des "dabbawallahs") à Bombay ("Dabba" est le titre original du film), entreprise qui livre des repas le midi, préparés par des femmes à leurs maris afin que ceux-ci mangent des "plats maison" sur leurs lieux de travail. Un système de livraison par couleur est utilisé par les employés - le plus souvent illettrés - mais aussi un système presque sans faille selon l'université d'Harward qui a étudié le principe et a conclu que seulement un repas sur un million était acheminé vers la mauvaise adresse. C'est cette cantine égarée qui est au départ de l'intrigue du film.

Des mots doux. Le film séduit grâce à des comédiens indiens  excellents. Son ambiance tant visuelle que musicale,  est bien conduite. La maîtrise technique de Ritesh Batra est remarquable pour son premier long-métrage. "The Lunchbox" dépasse les clichés de la "rom' com" pour se concentrer davantage sur ses personnages que sur de possibles  situations comiques ou romantiques. De discrets sourires, de tendres regards, de simples gestes  accompagnent pleinement  le film.


Vu

Sud Ouest,  édition Arcachon-Médoc, mercredi   24 mai 2023
Sud Ouest, édition Arcachon-Médoc, mercredi 24 mai 2023


La soirée

Saveurs, senteurs, sonorités

"The Lunchbox" est un film qui se  devine plutôt, se déguste surtout,  s'offre aux odeurs, aux saveurs qu'exhalent ces  fameuses "dabbas" (gamelles)  quand survient la pause  déjeuner dans la multitude des officines indiennes.

Sous des aspects de comédie romantique, Ritesh Batra offre un autre regard, culturellement  plus transgressif et fantasmatique. Une façon intelligente de pointer du doigt les travers d'un imposant continent parcouru  par mille courants antagonistes, modernistes ou  traditionnels.

  D'emblée, le réalisateur propose ici une vision documentariste d'une grande ville comme  Bombay à travers des paysages urbains, ses modes de transports, la vie de tous les jours. 

R. Batra  n'hésite pas à porter sa caméra dans les rues ou les bureaux. Un parti-pris plutôt audacieux, quand on connait l'emprise de "l'hydre" Bollywood sur la production cinématographique indienne, essentiellement réalisée en studio.

L'image gagne en percussion quand elle est ici  nourrie par un travail narratif subtil, entre ombres et lumières. Très régulier dans sa construction, " The Lunchbox"  est un film "doux-amer", ainsi que le définit l'intervenante et enseignante de cinéma, Amandine d'Azevedo. Les personnages se révèlent progressivement, au bout d'un processus intérieur, suggéré par le son et la musique
- déterminants -  le regard ou la gestuelle. Ritesh Batra se concentre sur leur histoire avec dextérité pour transmettre toute l'émotion  au travers de simples attitudes. Leur quotidien devient soudainement épicé mais empli de douceurs qui sentent bon. Comme une délicieuse nourriture, il emplit l'esprit avec bienfaisance. Et rend attentif, curieux et heureux.

En première partie exceptionnelle, les jeunes réalisateurs du PAIJ d'Arès présentent leur court-métrage " Sous un autre regard"
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On en parle

Amandine d'Azevedo fait partager tout son intérêt pour le cinéma indien. Photos Jean-Louis Buresi
Amandine d'Azevedo fait partager tout son intérêt pour le cinéma indien. Photos Jean-Louis Buresi

C'est une erreur  dans le système de livraison  par porteurs  considéré comme sans faille des " dabbaswallahs" qui donne l'élan à l'intrigue du film, pétri  de justesse tant technique que scénaristique.  Amandine d'Azevedo souligne la fiabilité d'un phénomène déconcernant et inexpliqué - malgré de savantes études... occidentales - pour tous  les inconditionnels des algorithmes. Justement,  l'illustration cinématographique de cette  faille humaine confère au film une  magie captivante.  

Une découverte délicieuse pour beaucoup, sur l'Inde, son cinéma, la condition des femmes  aussi  et ses traditions.

Les adhérents du Ciné-club du Bassin  ont apprécié  " The Lunchbox"
Les adhérents du Ciné-club du Bassin ont apprécié " The Lunchbox"

Grand témoin