Lola

Le 16 décembre 2022, à la salle Brémontier à Arès

Un film de Jacques Demy. Avec Anouk Aimée, Marc Michel, Jacques HardenAlain ScottElina Labourdette.

 1 h 23. (France, 1961) - Comédie dramatique.

L'histoire. À Nantes, un jeune homme désillusionné et rêveur, Roland Cassard, s’ennuie. Il retrouve par hasard une amie d’enfance, Cécile, devenue Lola, danseuse de cabaret. Il tombe amoureux. Lola voudrait pouvoir échapper à sa condition de « fille à marins » mais espère toujours le retour de Michel, le grand amour de sa vie. Outre Anouk Aimée, Nantes, l’autre vedette du film, rayonne grâce à Demy.

Nantes, l'autre vedette. Sorti en 1961 « Lola » est le premier long-métrage de Jacques Demy. Il signe là un film foisonnant, qui mêle différents genres, croise diverses influences, et incorpore dans le cadre réaliste de Nantes un univers merveilleux propre à Jacques Demy, par ailleurs originaire de la région : les marins, la fête foraine, la danse, le chant, l’amour… Si ce dernier doit attendre « Les Parapluies de Cherbourg » pour réaliser son rêve technicolor de comédie musicale, il réussit déjà à créer une œuvre singulière où le charme fou d’Anouk Aimée rivalise avec l’ingéniosité de la mise en scène.


Rencontre avec...

Pierre Charpilloz

Journaliste et critique de cinéma, Pierre Charpilloz travaille notamment pour des émissions  Viva Cinema sur Ciné  + Classic et Court-Circuit sur Arte. Il collabore pour les radios officielles du Festival de Cannes et du festival Lumières de Lyon, ainsi que pour les magazines Bande à part ou Revus et corrigés. Parallèlement, il enseigne le cinéma à l'université de Strasbourg et à l'université Paris 8.

L’incertitude du bonheur.  Lola » peut Le cinéma de Demy permet de s'échapper du quotidien et de proposer une forme  de vie idéale. Mais derrière cette harmonie apparemment parfaite, on sent toujours la fêlure et un très puissant sentiment d'absurde. Le cinéaste nous montre que rien n'est jamais acquis: dès que l'on touche du doigt le bonheur, il peut s'évanouir. 

Fidèle. « Lola » peut être comprise comme une Belle au bois dormant moderne. C'est une « fille-mère », qui éduque son enfant seule, et qui attend patiemment l'amour de sa vie. Mais malgré sa situation, Lola ne s'ennuie pas et ne s'inquiète pas - c'est d'ailleurs peut-être le personnage le plus heureux du film. Elle a une confiance absolue en l'amour et le destin. Et elle a raison ! « Lola » est en effet un film qui, par sa fin heureuse, gratifie l'attente, en fait un éloge, et célèbre cette fidélité amoureuse absolue



La Soirée

Déjà "Lo-La-Land"!

« Lola »  n’est certes pas le film le plus connu réalisé par Jacques Demy, mais ce  premier long-métrage est déjà empreint  de toute la philosophie du cinéaste nantais, de sa perception tendre et touchante  d’un monde « ni drôle, ni triste », comme l’explique Pierre Charpilloz, dans son intervention devant les nombreux adhérents rassemblés le 16 décembre à l’Espace Brémontier.  « Lola »  reste bien sans son temps  - les années soixante - soulevées par une houle régénérante  de la Nouvelle Vague.  En marge cependant de cette période  jalonnée par les  sorties des  « 400 coups » de Truffaut ou  « A Bout de souffle » de Godard.

Déjà « hors-mode », anti-conformiste aussi,   « Lola »  a  trouvé son public, séduit par les choix artistiques de Jacques Demy, avec un ton mélodieux, élégant, pro-féministe, annonçant déjà « Les Parapluies de Cherbourg » ou « Les Demoiselles de Rochefort ». Ce film en noir et blanc a été tourné à l’économie, comme il sied alors aux films « fauchés » de la Nouvelle Vague,  - ici en décors extérieurs à Nantes. Au générique, des acteurs en pleine ascension comme Anouk Aimé,  alors auréolée par sa lumineuse présence dans la « Dolce Vita » de Fellini. 

Pieere Charpilloz partage une belle rencontre avec "Lola". Photos Jean-Louis Burési
Pieere Charpilloz partage une belle rencontre avec "Lola". Photos Jean-Louis Burési

On en parle

A la découverte  de "Lola", le premier court-métrage de Jacques Demy
A la découverte de "Lola", le premier court-métrage de Jacques Demy

« Lola » porte en germe un  cinéma original,  bientôt en technicolor s'ouvrant  sur un univers « balzacien »,  influencé par les comédies musicales américaines ou la musique « jazzy » de Michel Legrand, auteur fétiche du couple Demy-Varda. On y perçoit aussi la marque d’un Max Ophuls dans son versant européen.  Jacques Demy arrive à maturité. Il a alors 29 ans  quand il tourne ce premier long-métrage « osant à son tour un autre cinéma, inventant une nouvelle grammaire », rappelle encore Pierre Charpilloz.  Soixante ans plus tard, « Lola » garde sa part de mystère et de charme, offert aux hasards de l’existence, aux illusions des sentiments amoureux, mais aussi à une pleine humanité.

Le destin de l’œuvre de Jacques Demy y est préfiguré. Comme dans un conte de fée toujours vivace...

"Luxure", un épatant court-métrage signé Demy,  présenté par Jérôme Chastenet en première partie de la soirée" Lola".
"Luxure", un épatant court-métrage signé Demy, présenté par Jérôme Chastenet en première partie de la soirée" Lola".

Grand témoin



L''au-revoir à Bernard Chabbert

C'est un ami du Ciné-club du Bassin qui  a brusquement disparu, le 15 décembre 2022. Nous avions eu le plaisir de l'accueillir à l'Espace Brémontier d'Arès pour des soirées qu'il avait animées avec brio et simplicité. A son image,  toujours chaleureuse. Un hommage lui a été rendu lors de la soirée consacrée au film "Lola" de Jacques Demy.