La Vie des autres

. Une histoire vraie. En 1984, à Berlin Est, l’officier Gerd Wiesler (Ulrich Mühe), capitaine au sein de la Stasi, est chargé d’une mission de surveillance de l’auteur de théâtre à succès Georg Dreyman (Sebastian Koch). Le dramaturge et sa compagne, l’actrice Christa-Maria Sieland (Martina Gedek), sont considérés comme des intellectuels soupçonnés d’être hostiles au régime d’Erich Honecker.

 Envoûtant. Si « Good Bye Lenin ! » (2003) a inauguré au cinéma une relecture en profondeur de la RDA, « La Vie des autres » a brillamment suivi cette voie en mettant à plat une société policière gangrénée par une élite pseudo socialiste. La tonalité dominante des couleurs grises rend parfaitement compte d’un pays privé de liberté d’expression.

 Sans machinéisme. Le film nous entraîne dans une société kafkaïenne, où chaque rouage de l’ordre établi surveille et est surveillé. A aucun moment le réalisateur ne cherche à nous égarer dans une histoire d’espionnage de pacotille. Il nous invite, au contraire, à comprendre comment le doute s’installe dans la tête d’un policier rigide mais cependant intègre.

 Multiprimé. Récompensé par l’Oscar du meilleur film en langue étrangère (2007), « Das Leben der Anderen », premier film du réalisateur Henckel von Donnersmarck, a remporté sept Lolas  

- équivalent allemand de nos Césars (2006 )-  le Prix du public au Festival de Locarno (2006), le Prix du Meilleur Film étranger du British Academy Film Awards (2008), le César du Meilleur Film étranger (2008), …

L'avis des autres. Thriller politique, opus historique, documentaire, romance noire? Un peu de tout cela... Le film de Florian Henckel von Donnersmarck  propose tout en nuances d'explorer le processus de surveillance et de contrôle de la population  est-allemande par la Sécurité d'Etat (Stasi). Edifiant. Qu'aura signifié cette période cruciale de transition pour des Allemands "réunifiés"? Par delà les images - toujours  avérées -  d'une dictature défunte, d'un modèle social alternatif démantelé  et d'un pays (RDA) disparu, reste la mémoire des générations.  Un autre monde, où bourreaux et victimes  d'hier, les bons ou les méchants, c'est selon,  ont dû apprendre à co-exister au présent.   Sans parler d'idéalisme réducteur, l'ex-société est-allemande,  rappelle Elisa Goudin-Steinmann, a permis de développer un système égalitaire économique et culturel, certes sous surveillance. La protection sociale, l'absence de chômage, le système de santé , la place des femmes sont des aspects qui pourraient apparaitre  aujourd'hui comme des acquis.   Reste ces "zones d'ombres" persistantes: l'omniprésence historique d'un Etat policier, le règne du soupçon, le démantèlement de l' appareil productif est-allemand, le sentiment d'une déqualification, de perte de valeurs, de désenchantement...  A la chute du Mur en 1989, les Allemands de l'Est on dû passer à autre chose. Retenir ce qui pouvait encore l'être. A l'Histoire d'en tirer encore les leçons. plus de trente-cinq ans après. Avec un autre regard.