"Cléo de cinq à sept", deux heures entre ombre et lumière

Ancienne photographe du Théâtre populaire de Jean Vilar et du Festival d’Avignon, Agnès Varda est passée à la réalisation en 1954 en tournant « La Pointe courte », son premier long-métrage, surfant sur la Nouvelle Vague. Son deuxième film, « Cléo de 5 à 7 » est mis en route sept ans plus tard. Dans un registre très personnel, l’oeuvre représente un véritable moment d’histoire contemporaine Deux marqueurs temporels permettent d’ancrer le film dans la société française de l’été 1961 : l’un relève de l’histoire politique et événementielle – la guerre d’Algérie – l’autre de l’histoire socioculturelle – le cancer, fléau social et médical.

« Cléo de 5 à 7 » raconte deux heures cruciales dans l’existence d’une jeune chanteuse au petit renom (Corinne Marchand), hantée par la crainte d’avoir un cancer et attendant le résultat d’analyses médicales. Seule dans les rues de Paris (en décors extérieurs), elle réalise le teneur de l’indifférence de chacun, jusqu’à sa rencontre dans le parc Montsouris avec Antoine, soldat en fin de permission qui lui apporte un peu de réconfort. Cléo vit quatre-vingt-dix minutes particulières. Son amant, Bob son musicien (Michel Legrand), une amie puis un soldat lui ouvrent les yeux sur le monde alors que s’insinue en elle la peur de la mort.

Bob... Legrand

Agnès   Varda a fait le choix de confier la musique de « Cléo de 5 à 7 » à un compositeur de 29 ans, Michel Legrand. A partir des paroles écrites par Agnès Varda, il confère aux chansons leur propre style musical, dans le but avoué d’insuffler diverses colorations aux scènes dans lesquelles elles prendront place, accompagnant les différentes phases de développement de l’héroïne, les méandres de sa conscience et ses sautes d’humeur.

Agnès Varda a eu l’idée de proposer une parenthèse joyeuse à son personnage principal en réalisant un « film dans le film » (mais le procédé n’est pas nouveau). Intrigue burlesque et sorte de clin d’œil aux « copains » de la Nouvelle Vague, « Les Fiancés du pont McDonald » rassemble un  brillant casting d’époque: Jean-Luc Godard, Anna  Karina, Eddie Constantine, Yves Robert, Danièle Delorme, Jean-Claude Brialy…

 

Film féministe, « Cléo de 5 à 7 » illustre les prémices d’un long combat militant pour les femmes qu’aura mené Agnès Varda  tout au long de ses cinquante ans de carrière. 

 

Vendredi 28 janvier, à partir de 19 h 30 , Espace brémontier à Arès.  Rencontre avec Jean Serroy,  professeur d'université émérite,  critique et professeur de cinéma. Jean Serroy vient de publier "Les 1000 films culte de l'histoire du cinéma" (éd. Glénat).

L'affiche française de "Cléo de 5( à 7" (publicité Jacques Forastié).
L'affiche française de "Cléo de 5( à 7" (publicité Jacques Forastié).


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