Barbara

Avec Jeanne Balibar, Mathieu Amalric, Aurore Clément, Grégoire Colin

L'histoire. Yves Zand, un réalisateur, prépare un film sur la chanteuse Barbara en étudiant des images d'archives et la musique tandis que Brigitte, l'actrice, étudie soigneusement le caractère, les gestes, les manières et les intonations de la célèbre chanteuse qu'elle interprète. Au fur et à mesure du tournage, Brigitte fusionne peu à peu avec le personnage, apprenant les partitions et imitant son expression faciale, au point de troubler le réalisateur.

Etourdissant.Tout d'abord, il s'agit d'un un portrait comme un jeu de miroirs et de déconstruction d'un biopic. Le film est un tournage sur un tournage. Jeanne Balibar y est splendide et envoûtante, Mathieu Amalric incarne le réalisateur d’un film sur la chanteuse. Un film sur la séduction, l’illusion, l’extravagance d’une artiste. Un  brillant jeu de portrait, des scènes qui renvoient à la vie de la chanteuse Barbara qui renvoie au tournage.

Film esthétique,  puissamment musical. Que l’on apprécie, connaisse ou non Barbara, on reste sous le charme de ce jeu de miroirs éblouissant.

Du vrai cinéma. Peu connue, mais brillante, cette œuvre reste très personnelle. Récompensée par un César du Meilleur rôle féminin pour Jeanne Balibar en 2018. César du Meilleur son. Prix Louis-Delluc 2017, Jean-Vigo 2017.

Le film de Mathieu Amalric  ne doit pas être confondu avec " Barbara", film éponyme réalisé par Christian Petzold (2012, Allemagne). 

Troublant. Empêché à la dernière minute, Mathieu Amalric attendu par une salle Brémontier comble, s'est adressé par vidéo aux adhérents, dans un message empathique et passionnant. Suppléé à micro levé par Charles-Edouard Woisselin, la rencontre  a apporté son lot de richesses et de partage. "Barbara" le valait bien.

Un film paradoxal, déroutant, insaisissable à l'image de l'artiste Barbara, interprétée avec maestria par l'autre "B," Jeanne Balibar. Le film entretient le mystère autour de cette voix, cette présence tantôt lumineuse, tantôt déconcertante. C'est le plus grand mérite de Mathieu Amalric que d'avoir voulu (se) jouer du personnage fantasmé et de celui de Brigitte, la comédienne au mimétisme magistral, "femme de paille" au mystère entretenu. 

Il n'y a pas de regret à savoir reconnaitre s'être perdu dans ce dédale assumé de mise en images, d'un décor à l'autre et d'allées et venues entre les deux "B",  Barbara, l'icône omniprésente et  Brigitte (Balibar) la comédienne habitée par son idole. C'est bien tout le grand mérite de ce film qui se délecte de déconstruire le biopic conventionnel, dans les délires assumés de la création. "Barbara" entraîne  le spectateur dans un vertige émotionnel. Au final, "on sait qu'on ne sait pas", où commence Brigitte et où finit Barbara. Que l'on aime ou pas - ce sentiment est indéniable -"Barbara" est un film qui ne laisse pas indifférent, projetant l'image d'un cinéma tout autant fidèle au souvenir qu'audacieux dans sa forme. "La Dame brune" réincarnée n'aurait assurément pas renié "Brigitte-Balibar".