Les Délices de Tokyo

12 Septembre 2025, Espace Brémontier à Arès

De Noami Kawase (2016, Japon) 1 h 53 (en vost fr)

Avec Kirin Kiki, Masatoshi Nagase

Adapté d’un roman éponyme de Durian Sukegawa (2013), « Les Délices de Tokyo » trace un chemin vers les traditions, entre les générations. La réalisatrice japonaise Naomi Kawase porte un regard empli de tendresse et d’humilité sur les destins humains. Ses personnages sont éphémères, discrets, aux trajectoires modestes. Ce sont ceux qui n’existent pas aux yeux de la société, invisibles, oubliés ; pourtant porteurs d’une immensité de richesses intérieures.

Tabou. Naomi Kawase, primée à Cannes Grand Prix pour « La Forêt de Mogari » en 2007) et reconnue pour ses films (« Still the Water », « True Mothers » et ses documentaires (« Kaléidoscope) » porte à  l’écran le savoir-faire d’une vieille femme pour la confection des pâtisseries dorayaki, avec en toile de fond une évocation touchante du tabou de la lèpre au Japon.

L’histoire est adaptée à l’écran en 2015 sous le titre original « An ». L’actrice Kirin Kiki incarne le rôle de Tokue, victime de la lèpre et, celui du mélancolique artisan Sentaro (Masatoshi Nagase).

 

L"An"... neuf. Les dorayakis sont des pâtisseries traditionnelles japonaises qui se composent de deux pancakes fourrés de pâte de haricots rouges confits,  « An ». Tokue, une dame de 70 ans, va tenter de convaincre Sentaro, le vendeur de dorayakis, de l’embaucher. Tokue a le secret d’une pâte exquise et la petite échoppe devient un endroit incontournable...


Rencontre avec...

Pascal-Alex Vincent. Réalisateur, scénariste, spécialiste du cinéma  japonais, il a notamment dirigé le dictionnaire du du cinéma japonais en 101 cinéastes. L'Age d'or: 1935-1975 (Carlotta fils 2018) et publié "Yasujiro Ozu: une affaire de famille" (2023). Pascal-Alex Vincent intervient également à Sorbonne Nouvelle. Il a présenté "Voyage à Tokyo" de Y. Ozu lors de sa projection par le Ciné-club du Bassin en 2022.


Bande annonce


En abordant dans son film la méfiance que la maladie provoque dans l'entourage du pâtissier et la honte de Tokue, Noami Kawase réussit le pari de traiter ce sujet tabou avec une grande sensibilité.

Recette gagnante. L’autre moteur du film est le regard sur l’exclusion des lépreux de la société japonaise. Atteinte par cette maladie infectieuse, à l'origine de lésions visibles, Tokue a passé toute sa vie dans le quartier où les malades étaient confinés. Gardant espoir en cuisinant, pouvoir en sortir et transmettre sa passion à Sentaro est pour elle une bénédiction. Le film "Les Délices de Tokyo" entretient une relation riche et complexe entre le cinéma et la cuisine, "recette" chargée de symboles, servant généralement de lien entre les gens (comme dans "La Graine et le Mulet", "Soul Kitchen",  "Dans un jardin qu'on dirait éternel" ou encore "La Passion de Dodin Bouffant".