Étreintes brisées

Le film. À la suite d’un accident de voiture, le cinéaste Harry Caine, ex-Mateo Blanco (Lluis Homar), est devenu aveugle et ne vit que grâce aux scénarios qu’il écrit en collaboration avec Judit (Blanca Portillo), son ancienne et fidèle directrice de production. Quatorze ans auparavant, il terminait le tournage d’un film médiocre (remonté de façon malveillante et contre son gré), dans lequel il faisait tourner Lena, la femme de sa vie (Penélope Cruz), morte quelques temps après dans l’accident...

Hommage. Almodóvar signe une œuvre épurée qui pourrait bien paraîtra moins jubilatoire que d’autres opus, mais n’en constitue pas moins la quintessence de son art. Après « La Mauvaise Education » et la récréation « Volver », le cinéma de Pedro Almodovar  a alorspris une teinte plus sombre  avec un film cérébral et fétichiste sur ces deux passions dans la vie, les femmes et le cinéma, donc. Le maître madrilène parle beaucoup de lui au travers du personnage de Mateo Blanco, de cet incroyable désir de filmer et de ses doutes quant à la postérité de son oeuvre. « Etreintes brisées » ressemble ainsi beaucoup à « La Mauvaise éducation », par sa narration alambiquée et ses nombreuses références au film noir. Le film se déploie ainsi en deux axes forts: la passion passée du cinéaste avec Lena, plus à l'aise dans le rôle de sa vie que sur un plateau de cinéma, magnifiée par quelques scènes sublimes - la rupture, la mort simulée d'Ernesto - et sa relation filiale avec Ray X un jeune DJ, fils de sa confidente et amie.

Penélope Cruz.La muse d’Almodóvar  interprète l’un de ses plus beaux  rôles, d’aucuns diraient le plus beau…  Elle joue la mère fictive d'Almodóvar dans l'autofiction « Douleur et Gloire ». Ce dernier retrouve l’icône espagnole en 2021 et lui confie le rôle principal de « Madres Paralelas ». Elle y joue une photographe dont la grossesse est liée à celle d'une jeune fille de 17 ans. Penélope Cruz décrochera, douze ans après « Nine », sa quatrième nomination aux Oscars.

Un hommage attristé a préludé la soirée en la mémoire d'Eveline Chabbert, récemment disparue, et qui avec son époux Bernard  formait un couple altruiste, généreux. En quelques mois, le Ciné-club du Bassin aura perdu deux  fidèles et précieux amis.

Peu connaissent la vie et l'oeuvre de Pedro Almodovar comme sait le faire partager Marie-Thérèse Alonso, venue tout spécialement de Libourne pour présenter "Etreintes brisées", film sélectionné pour la deuxième projection de la saison du Ciné-club du Bassin.  Anecdotes, secrets de fabrication, révélations aussi ont ponctué un débat animé avec maîtrise , humour et allant par la présidente de La Movida libournaise. Une soirée hispanique, une soirée de fiesta qui aura ravi les quelque 150 spectateurs présents à l'Espace Brémontier.